Accueillir

Devant mon inquiétude grandissante, Jean-Marc a accepté que je prenne rendez-vous avec sa cancérologue.

Nous sortons donc de l'hôpital où elle nous a reçus très gentiment (après une heure d'attente), mais entre deux rendez-vous.

Mon chéri me demande de ne pas oublier mon carnet pour prendre des notes de ce qui sera dit.

Je note donc : décisions prises : pas de chimio la semaine prochaine. Manifestement le Taxoter est trop corrosif pour le corps de mon homme. "Je ne veux pas vous tuer !" assure-t-elle ! Ouf... j'étais sur le point de le croire pourtant.

Examens de sang dès demain pour faire un bilan hépatique.

Attente des résultats pour, en début de semaine, faire une nouvelle évaluation de la maladie : soit c'est le Taxoter qui a mis sur le flanc mon mari, soit c'est la maladie qui évolue à vitesse grand V !

Marco opine de la tête et murmure dans un souffle : "Je crois que c'est plutôt ça."

Elle acquiesse : "Peut-être, en effet, car vous souffrez plus qu'avant, sans que la morphine (prise pourtant régulièrement depuis une semaine) ne vous soulage vraiment !"

Accueillir. Après la déflagration, attendre que ça descende de la tête dans le coeur. Entend-il ? Oui, il entend, relève lentement les yeux. Regarde la cancérologue. Hoche la tête.

- "On se revoit la semaine prochaine, docteur ?"

Il met son manteau, sert la main du médecin et de l'interne qui a assisté à la consultation. Je le laisse sortir... referme la porte derrière lui et me fais tout répéter par le praticien. Il faut que je sois sûre de ce qui a été dit.

Accueillir.

Mon mari qui m'attend dans le couloir m'apostrophe : "Eh, dis donc, c'est quoi, ça... tu me racontes ce que vous vous êtes dit, maintenant !" Et, oui, mon coco, pas de messe basse sans curé !

Alors en cheminant vers la sortie, je répète les mots prononcés que j'avais eu besoin d'entendre deux fois ! Deux fois pour parvenir à accueillir.