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Je t'ai montré le chemin d'Ars... tu me montres le chemin du Ciel!
7 mars 2012

Enterrement d'une grande dame

Depuis samedi dernier notre gendre a perdu sa maman et notre fille une belle-mère à laquelle elle était très attachée. Nous savions par elle que sa belle mère était d’un courage exceptionnel dans sa lutte contre un cancer du poumon. Sept années de combat après l’ablation d’un poumon. Fortes doses de morphine les derniers mois… et nous ne savons pas tout, tant leur discrétion était grande.

Après une hospitalisation de quelques heures, où elle sut très bien qu’elle était au bout de son pèlerinage terrestre et en avertit tous les siens, un transfert en soins palliatifs est programmé pour le lundi suivant.

Nous apprenons samedi matin, avec douloureuse surprise, qu’elle s’est endormie définitivement, dans les bras de son mari. Son corps est ramené chez eux où ils installent une belle chambre mortuaire.

A l’étonnement général nos petits enfants désirent la voir. Devant leur insistance et après quelques hésitations les parents franchissent le pas : ils entrent d’abord avec notre petit fils de trois ans  qui, après avoir regardé sa grand-mère, murmure spontanément : « Oh, comme c’est dommage, j’aimais tellement quand elle me racontait des histoires ! ». Il observe, sage et méditatif,  statique  et silencieux pendant un certain temps jusqu’à ce que le goupillon attire son attention dans son récipient d’eau bénite. Après s’être enquis de l’usage qu’on en faisait, il s’en empare pour bénir largement tout ce qui passe à sa portée : une pluie de grâces inonde les assistants qui le désarment promptement, partagés entre fou rire et immense chagrin.

Notre petite fille de cinq ans entre après lui – elle qui clame depuis le matin à qui veut l’entendre « qu’elle sait que Mendine est morte, qu’elle ne prendra pas son petit déjeuner avec Mendine parce qu’elle est morte, qu’on ne verra plus Mendine car elle est vraiment morte »… ce qui noue le ventre de notre fille et sans doute du reste de la famille. Après l’avoir regardée longuement aussi, elle ressortira  pour revenir à plusieurs reprises rendre des petites visites à sa grand-mère et déposer des dessins sur son corps. La prière du soir se fait autour de leur Mendine chérie.

Tout le monde est soufflé par la simplicité avec laquelle ces enfants côtoient la mort d’un être qu’ils aiment si tendrement.

J’apprendrai par la suite, de leur grand père, combien ces quelques jours passés avec ses enfants et petits enfants près de sa femme l’ont aidé à traverser les moments qui séparent de la sépulture.

Et ce matin,  jour de l’enterrement, c’est ma petite fille qui m’introduit dans la chambre. Elle se met à côté de moi pour contempler sa grand-mère, le menton posé sur ses petits doigts agrippés au bord du cercueil. « C’est beau, hein Mathy, on a mis des fleurs et des bougies. Et regarde ses mains, elles sont toutes blanches car elle est morte ;  maman m’a expliqué que le cœur ne marche plus, alors y a plus de sang qui bouge dans les doigts… » Et elle continue doucement à m’expliquer la vie, d’une voix calme et feutrée. Au passage elle récupère deux dessins dans le cercueil en me disant que finalement elle va les garder dans sa chambre et en faire d’autres.

Sur ces entrefaites, son petit frère se précipite dans la pièce, grimpe sur mes genoux pour contempler sa  grand-mère. Quand je lui dis que je la trouve belle comme au jour du mariage de son papa et de sa maman, il lève son nez vers moi avec un sourire renversant comme lui seul en a le secret. Il reste un moment contemplatif et totalement silencieux, puis dégringole de mes genoux et s’échappe prestement en entendant ses cousins arriver. Je suis éberluée : c’est simple la mort. C’est la vie. « La mort, c’est triste mais c’est pas grave », dit le fils d’Anne-Dauphine Julliand dans son témoignage  « Deux petits pas sur le sable mouillé »*.

Devant Mendine à qui j’ai confié quelques intentions de prière pour son 5ème  p’tit dèj avec Jésus, je médite : quand serai-je ainsi étendue  avec, sur le ventre, des dessins psychédéliques qu’on me piquera  pour m’en faire de plus beaux ? Car, oui, la mort, c’est TRES triste, mais c’est pas grave.

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Je t'ai montré le chemin d'Ars... tu me montres le chemin du Ciel!
  • Parler la mort ! Accompagner son mari en phase terminale de cancer, sans peur de la mort. Prendre le temps, avec lui, d'évoquer l'au delà de la mort. D'une potentielle Vie après la vie. Demander des "signes tangibles" et au cœur du chagrin les recevoir !
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