Difficile journée que ce début de deuxième cure (par J-Marc)

D’abord elle avait été reculée de huit jours, à cause de ces fameux globules blancs qui manquaient à l’appel.

Pour la seconde fois, depuis la maladie, je vais me trouver confronté à des collègues, des compagnons d’infortune. Mais cette fois, il s’agit d’une confrontation beaucoup plus douloureuse.

On m’oriente vers la chambre numéro deux, grande pièce où sont posés parallèlement trois énormes fauteuils médicalisés. On a l’impression d’un grand salon de coiffure qui attend ses clients. En fait, je crois que d’ici quelques semaines, je n’aurai plus à me soucier de ma coupe de cheveux… On verra bien…

Me voilà donc installé à l’extrême gauche, en compagnie de deux femmes, dont j’apprends qu’elles ont 38 et 58 ans. La plus âgée, physiquement,  pourrait être ma mère, la plus jeune semble avoir mon âge. Et les voilà qui commencent à partager leur peine et leur souffrance. Et malgré moi, j’entends tous les malheurs, toutes les souffrances qu’elles ont dû supporter depuis des années. Pour l’une, cela fait sept ans qu’elle est en traitement et il me semble qu’elle décline année après année. Pour l’autre, la plus jeune, elle en est à sa 18^e cure et semble absolument convaincue de sa guérison. Infection, fièvre, effets secondaires inattendus… J’ai droit à tout.

« Arrête, Madame, arrête s’il te plaît. Je ne veux rien savoir de tout ça. Je ne t’ai rien demandé. » Le plus difficile est que ces deux femmes ont l’air convaincu de leur guérison, que jamais elles n’évoquent la possibilité d’un échec de la médecine…

Cela me semble dramatique. Déni ou soif de vivre ?

Cette matinée a été très difficile pour moi, car elle m’a fait avancer d’un grand pas dans l’acceptation de ce qu’il me faudrait peut-être supporter. En fait, malgré la colère qui m’a habité durant ce matin-là, elles m’ont toutes les deux aidé à comprendre que, désormais, ma vie ne serait plus jamais comme avant.