Quatrième séance et panique chez Edouard

Les séances se succèdent et se ressemblent, la fatigue et l'écoeurement en plus à chaque fois. Je "zyeute"( du verbe "zyeuter": regarder négligement avec une attention extrème et faussement désinvolte), les comportements changeants de mon mari, et je commence un peu à perdre pied...

En effet, le soir, je me retrouve chez Leclerc, après une journée où je n’ai pas fait le quart du programme prévu : je n’ai pas envoyé la compta, pas enregistré la chronique radio, pas travaillé sur le futur site de MMC*, pas lavé le sol de la cuisine, pas cousu les ronds de cuir aux coudes de son pull bien chaud… mais qu’est ce que j’ai fichu ?!

Par contre j’ai tourné une heure dans ce satané magasin sans savoir quoi acheter pour "le" faire manger ou "lui" faire plaisir.
Au secours on m’a changé mon mari en 4 jours… je le perds de vue, il n’a plus les mêmes goûts, les même envies, les mêmes désirs. Il n’a plus de désirs du tout. Il n’avale que trois bouchées en se forçant. Comment reprendre contact avec ce nouveau mari inconnu… Comme il le dit lui-même : « si on m’avait dit un  jour que je n’aurais plus aucun appétit ! »

Obligée de m’arrêter dans un coin pour demander au St Esprit de me guider dans les rayons : à quelles extrémités en suis-je rendue moi qui n’ai jamais en d’état d’âme pour remplir mon caddie ! Au contraire !

Je déambule, perdue : non, pas le saumon : trop d’odeur, pas les biscottes ça peut racler la tumeur et ne pas passer l’œsophage. Les oranges : pour moi, il faut que je tienne le coup. Ah oui, les bananes, il m’a dit les bananes, ne pas oublier les bananes. Surtout! Les bien mûres, faciles à écraser, avec le sucre. Ça devrait lui faire plaisir et passer, pourvu que ça passe… et à tourner en rond en me faisant une montagne d’un rien, j’arrive à la caisse avec trop de fruits, pas assez de légumes (mais j’ai rien pris !!), un peu de viande (mais, j’en ai trop pris, c’est sûr !), ah,  au moins j’ai les desserts au soja… et les bananes !! Pas de panique. Tout ira bien. Me dépêcher. Il m’attend.

Ouf ! Dans la voiture je repense aux courgettes dans le bas du frigo, aux pommes de terre, aux carottes bio achetées hier.  J’ai tout ce qu’il faut. On se calme : tu dois être un peu anxieuse ma fille sous tes airs bravaches !

Et, au diner, après la soupe de légumes il n'arrivera pas à avaler... les bananes !

Comments

[une nièce]

Sabine, c'est Véronique. je te lis, je partage. Je crois que nous sommes tous là dans l'ombre avec vous.